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à y suppléer par quelqu’autre moyen & qu’il ne retiroit de dehors aucun secours, il n’y pensoit jamais que quand il en avoit une perception actuelle. Son attention uniquement attirée par des sensations vives, cessoit avec ces sensations. Pour lors la contemplation n’avoit aucun exercice, à plus forte raison la mémoire.

§. 16. Quelquefois notre conscience, partagée entre un grand nombre de perceptions qui agissent sur nous avec une force à peu près égale, est si foible qu’il ne nous reste aucun souvenir de ce que nous avons éprouvé. A peine sentons-nous pour lors que nous existons : des jours s’écouleroient comme des momens, sans que nous en fissions la différence ; & nous éprouverions des milliers de fois la même perception, sans remarquer que nous l’avons déja eue. Un homme qui par l’usage des signes a acquis beaucoup d’idées, & se les est rendu familieres, ne peut pas demeurer longtemps dans cette espéce de léthargie. Plus la provision