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les idées qui s’éloignent des plus communes. C’est pourquoi nos idées sont d’une nature bien différente selon le genre des opérations qui constituent plus particulièrement l’esprit de chaque homme. Les effets ne peuvent pas être les mêmes dans celui où vous supposerez plus d’analyse avec moins d’imagination, & dans celui où vous supposerez plus d’imagination avec moins d’analyse. L’imagination seule est susceptible d’une grande variété, & suffit pour faire des esprits de bien des espèces. Nous avons des modèles de chacune dans nos écrivains ; mais toutes n’ont pas des noms. D’ailleurs, pour considérer l’esprit dans tous ses effets, ce n’est pas assez d’avoir donné l’analyse des opérations de l’entendement, il faudroit encore avoir fait celle des passions ; & avoir remarqué comment toutes ces choses se combinent, & se confondent en une seule cause. L’influence des passions est si grande, que souvent sans elles l’entendement n’auroit presque point d’exercice, & que pour avoir de l’esprit, il ne manque