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je viens d’apporter, l’erreur est sensible, & la cause en est connue. Mais il n’y a peut-être personne à qui il ne soit arrivé de faire quelquefois des raisonnemens bisarres, dont on reconnoît enfin tout le ridicule, sans pouvoir comprendre comment on a pu en être la dupe un seul instant. Ils ne sont souvent que l’effet de quelque liaison singulière d’idées : cause humiliante pour notre vanité, & que pour cela nous avons tant de peine à appercevoir. Si elle agit d’une manière si secrette, qu’on juge des raisonnemens qu’elle fait faire au commun des hommes.

§. 80. En général, les impressions que nous éprouvons dans différentes circonstances, nous font lier des idées que nous ne sommes plus maîtres de séparer. On ne peut, par exemple, fréquenter les hommes qu’on ne lie insensiblement les idées de certains tours d’esprit & de certains caractères avec les figures qui se remarquent davantage. Voilà pourquoi les personnes qui ont de la physionomie, nous plaisent ou nous