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nécessaire de s’étendre. Ce que les logiciens en ont dit dans bien des volumes, me paroît entièrement superflu & de nul usage. Je me bornerai à rendre raison d’une expérience.

§. 71. On demande comment on peut, dans la conversation, developper, souvent sans hésiter, des raisonnemens fort étendus. Toutes les parties en sont-elles présentes dans le même instant ? & si elles ne le sont pas, (comme il est vraisemblable, puisque l’esprit est trop borné pour saisir tout à la fois un grand nombre d’idées), par quel hasard se conduit-il avec ordre ? Cela s’explique aisément par ce qui a déjà été exposé.

Au moment qu’un homme se propose de faire un raisonnement, l’attention qu’il donne à la proposition qu’il veut prouver, lui fait appercevoir successivement les propositions principales, qui sont le résultat des différentes parties du raisonnement qu’il va faire. Si elles sont fortement liées, il les parcourt si rapidement,