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différentes. Si, par exemple, ne faisant aucune attention à ce qui distingue l’homme de la bête, je réfléchis uniquement sur ce qu’il y a de commun entre l’un & l’autre ; je fais une abstraction qui me donne l’idée générale d’animal.

Cette opération est absolument nécessaire à des esprits bornés, qui ne peuvent considérer que peu d’idées à la fois, & qui, pour cette raison, sont obligés d’en rapporter plusieurs sous une même classe. Mais il faut avoir soin de ne pas prendre, pour autant d’êtres distincts, des choses qui ne le sont que par notre manière de concevoir. C’est une méprise où bien des philosophes sont tombés : je me propose d’en parler plus particulièrement dans la cinquième section de ce premier tome.

§. 58. la réflexion, qui nous donne le pouvoir de distinguer nos idées, nous donne encore celui de les comparer, pour en connoître les rapports. Cela se fait en portant alternativement notre attention des unes aux autres, ou en la fixant, en même temps,