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tition amplifiante ; un canton parle l’idiome de son village central ; une province l’idiome de son chef-lieu. L’Italie a parlé l’idiome de Florence ; en vertu des mêmes lois, l’Europe se sert du français comme langue auxiliaire. Le français possédant plus d’avantages géographiques (position centrale de la France), économiques (la France est un grand centre financier, agricole et industriel), intellectuels (production littéraire et scientifique énorme et constante), esthétiques (haut développement des beaux-arts), éthiques (don très considérable d’inspirer la sympathie) et enfin linguistiques (facilité et clarté), le français dis-je, l’emportera sur l’anglais et l’allemand, en vertu de la force des choses. Il ne faudra pour cela aucune loi, aucun décret, aucune pression. Tous les jours le français devient de plus en plus langue auxiliaire de notre continent, en vertu d’un vaste ensemble de mouvements sociaux ; s’il était possible d’avoir des statistiques, cela pourrait se démontrer par des chiffres. On saurait, par exemple que, vers 1850, sur 300 millions d’Européens, 3 millions savaient le français et qu’en 1910, sur 550 millions d’Européens[1], 11 millions avaient la connaissance de cette langue. Dans la première période la proportion aurait été d’un pour cent ; dans la seconde de deux pour cent.

Cette statistique n’a jamais été faite et elle

  1. Je comprends dans ce chiffre les Américains qui appartient au groupe européen de civilisation.