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nationaux travailleront en faveur du français et non contre lui.

Il faut bien comprendre que les « nations » sont, dans une certaine mesure, des abstractions ; les individus seuls sont des réalités positives et concrètes ; les « nations » n’existent pas en dehors des individus. Si chaque Anglais éprouve une satisfaction d’amour-propre à parler le français à la perfection, la « nation » anglaise éprouve cette même satisfaction, car la « nation » anglaise n’est autre chose que la totalisation des individus anglais en chair et en os. Or chacun peut observer que la connaissance parfaite du français, loin de causer la moindre souffrance d’amour-propre à n’importe quel individu, procure, au contraire, des satisfactions d’amour-propre extrêmement vives ; de nos jours c’est presque une position sociale que de bien parler le français ; cela vous donne accès dans la meilleure société ; cela vous classe dans une certaine mesure. Ni la connaissance parfaite de l’allemand, ni celle de l’anglais ne donnent des avantages analogues. Le français est la langue de la bonne compagnie, la langue élégante et aristocratique par excellence. Chaque individu désirant monter aux échelons supérieurs de la hiérarchie sociale est heureux et fier de manier le français avec art ; le prince de Bismarck le possédait admirablement ; l’empereur Guillaume II et le prince de Bulow sont dans le même cas ; ils n’en éprouvent aucune mortification