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universellement parlé dans la haute société européenne, en 1770 et qu’il eut été universellement remplacé, en 1910, par l’anglais ou l’allemand, on aurait été en droit de dire que la défaite du français est un fait accompli ; mais il n’en est pas ainsi ; le français est enseigné maintenant dans presque toutes les écoles moyennes de l’Europe et la proportion des personnes qui le connaissent, par rapport à l’ensemble des populations, est certainement plus forte qu’en 1770. Ainsi donc, dans son rôle de langue auxiliaire, le français avance et ne recule pas.

Assurément ce n’est pas le cas partout… Sur les échelles de l’Extrême-Orient l’anglais avance plus vite que le français ; c’est incontestable, mais cela ne signifie pas grand chose. Tout le monde comprend que la question de la langue auxiliaire sera tranchée en Europe ; si notre continent et l’Amérique adoptent le français, l’Asie sera obligée de suivre le mouvement. L’anglais pourra garder la supériorité dans quelques régions et pour quelques métiers spéciaux, comme le commerce, par exemple, mais ces triomphes partiels ne pourront pas enlever au français sa situation prédominante.

On prétend encore qu’un autre obstacle insurmontable empêchera le français de devenir langue auxiliaire universelle : les amours-propres nationaux. C’est une très profonde erreur ; il est très facile de démontrer que les amours-propres