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n’est plus le porte-drapeau des idées nouvelles ; sa politique n’ouvre plus les voies du progrès ; elle les ferme. Par suite de ce qu’elle se traîne péniblement à l’arrière-garde des mouvements bienfaisants de notre époque, l’Allemagne a perdu son prestige moral ; ne comprenant pas que le facteur le plus puissant de l’expansion nationale est le don de séduction, les Allemands mettent une persévérance vraiment digne d’un meilleur sort a inspirer peu de sympathies à leurs voisins ; à cause de tout cela le rayonnement extérieur de la culture allemande est maintenant très faible. Assurément l’Allemagne peut ouvrir les yeux, voir ses erreurs, se ressaisir et changer de direction ; mais elle ne semble pas trop prendre cette voie à l’heure présente et, quand elle se réveillera de son hypnotisation bismarckienne, il sera peut-être trop tard ; ses rivales auront pris une avance qu’il lui sera peut-être impossible de rattraper. L’allemand ayant donc peu de chance de devenir l’idiome auxiliaire de l’Europe, la lutte finale reste circonscrite entre l’anglais et le français.

Les Anglo-Saxons sont 140 millions ; ils ont eu jusqu’ici une natalité considérable et, de plus, aux États-Unis, ils assimilent tous les ans près d’un million d’immigrants venus de tous les pays du monde. Avec cela, comme la civilisation de l’Angleterre est très brillante et comme l’anglais est une langue très parfaite et très facile, beaucoup