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glais ou le français. Il est évident que cela ne sera ni le russe, ni l’italien, ni l’espagnol et, à plus forte raison, ni le polonais, ni le portugais.

Mais entre les trois seuls rivaux sérieux : l’allemand, l’anglais et le français, lequel l’emportera ?

On peut facilement démontrer que cela ne sera pas l’allemand ; cette langue est très imparfaite, elle est encore synthétique ; elle a une grammaire complexe encombrée de déclinaisons ; de plus, elle a un autre défaut : elle détache la préposition et la place parfois très loin de son verbe, après deux ou trois propositions incidentes ; cette pratique incommode, à laquelle les étrangers ont peine à s’habituer, rend souvent la phrase fort obscure. L’allemand est donc une langue beaucoup plus imparfaite que l’anglais et le français ; mais cette imperfection ne serait pas un obstacle, car une langue se répand surtout par la haute culture de la nation qui la parle. Or à ce point de vue l’Allemagne est dans une situation moins brillante que celle de l’Angleterre et de la France. L’Allemagne n’a jamais eu une culture très originale ; pour les arts et les lettres, elle a presque constamment imité ses voisines. Actuellement l’infériorité de la production littéraire et artistique de l’Allemagne est manifeste, mais encore plus son infériorité philosophique. L’Allemagne a été précipitée par Bismarck dans un courant médiéval, elle s’embourbe dans les idées anciennes ; elle