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« On nous demande, a écrit la Sœur Bourgeoys, pourquoi nous faisons des missions qui nous mettent en hasard de beaucoup souffrir, et même d’être prises, tuées, brûlées par les sauvages.

« Nous répondons que les apôtres sont allés dans tous les quartiers du monde pour prêcher Jésus-Christ, et qu’à leur exemple, nous sommes pressées d’aller le faire connaître dans tous les lieux de ce pays où nous sommes envoyées. Si les apôtres ont donné leurs travaux, leur vie et tout ce qu’ils pouvaient prétendre en ce monde pour faire connaître Dieu, pourquoi les filles de la Congrégation ne sacrifieraient-elles pas leur santé, leur satisfaction, leur repos et leur vie pour l’instruction des filles à la vie chrétienne et aux bonnes mœurs. Notre-Seigneur demanda à ses apôtres s’ils boiraient son calice et on demande aux filles de cette communauté si elles peuvent embrasser la pauvreté et le mépris. Pour pouvoir instruire gratis, elles se contentent de peu, se privent de tout et vivent partout pauvrement. Et comme les apôtres, elles travaillent même la nuit pour gagner leur vie et n’être à charge à personne. Aussi cette communauté doit être une image du collège des apôtres, mais je compare le collège apostolique à une étoile au firmament et la congrégation à un brin de neige. »

« Pensez, mes chères sœurs, disait l’admirable fondatrice à ses filles qu’elle envoyait en mission, pensez que vous allez recueillir les gouttes du sang de Jésus-Christ qui se perdent. Oh ! qu’une Sœur qu’on envoie en mission sera contente si elle pense qu’elle y va par l’ordre de Dieu et en sa compagnie ; si elle pense que dans cet emploi elle peut et elle doit témoigner sa reconnaissance à Celui de qui elle a tout reçu ! Oh ! qu’elle ne trouvera rien de pénible ni rien de fâcheux. Elle voudra au contraire manquer de toutes choses, être méprisée de tout le