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caressait pour sa ville. Le cher projet de bâtir une chapelle à la Vierge dut être discuté bien souvent, au foyer du fort, durant les longues soirées. On ne saurait dire avec quel zèle Marguerite Bourgeoys poursuivit ce dessein, ni ses patientes, ses saintes industries.

Si Dieu glorifiait toujours devant les hommes l’ardente bonne volonté, comme il l’a fait une fois d’après une gracieuse tradition, au frontispice de la chapelle de Notre-Dame de Bonsecours, un ange aurait écrit : « Marguerite m’a bâtie. »

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Jeanne Loysel, la première enfant qui vécut à Montréal, lui fut confiée à l’âge de quatre ans. Jean Desroches vint ensuite, et le 30 avril 1657, peu après l’arrivée des Sulpiciens qui amenèrent quelques familles, la Sœur Marguerite ouvrit une école. Mais combien rudes et humbles furent les commencements de son œuvre !

« Quatre ans après mon arrivée, écrit la Sœur Bourgeoys, M. de Maisonneuve voulut me donner une étable de pierre pour en faire une maison et y loger celles qui feraient l’école. Cette étable avait servi de colombier et de logis pour les bêtes à cornes. Il y avait un grenier au-dessus, où il fallait monter par une échelle, par dehors, pour y coucher. Je la fis nettoyer, j’y fis faire une cheminée et tout ce qui était nécessaire pour loger les enfants. J’y entrai le jour de sainte Catherine, 30 avril 1657. Ma Sœur Marguerite Picard, qui a été ensuite Mme la Montagne, demeurait avec moi. »

Par l’acte de donation on voit que le bâtiment avait trente-six pieds de long et dix-huit de large. Maisonneuve, d’un si grand cœur, n’avait pu donner un logement plus convenable, et dans cette maison, qui rappelait tant l’étable de Bethléem, Marguerite Bourgeoys se mit de tout cœur à son œuvre d’éducatrice. On lui confia d’abord tous les enfants[1].

  1. M. Souart, curé de Ville-Marie, n’ouvrit une école pour les garçons que plus tard.