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et de délices. Il daigna même se montrer à elle dans l’hostie.

Ravie de sa beauté, elle vécut ensuite comme un ange qui viendrait sur la terre habiter un corps mortel, n’usant plus des choses nécessaires à la vie qu’avec dégoût. C’était, dit M. Faillon, la disposition où Dieu voulait faire entrer cette grande âme, pour la rendre capable d’exécuter les desseins qu’il allait lui manifester en l’appelant à Ville-Marie.

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La lutte entre la civilisation et la barbarie y était toujours terrible et Ville-Marie devait coûter encore bien des années d’alarmes, d’efforts, d’angoisses et de combats.

La petite garnison, décimée par l’atroce guerre de surprises des Iroquois, ne comptait plus que dix-sept hommes valides, et Maisonneuve s’était décidé à passer en France demander du renfort à la Compagnie de Montréal.

Il en avait obtenu une recrue de cent huit hommes d’élite. Avant de s’embarquer, il vint à Troyes voir ses sœurs, Mme de Chuly et la supérieure des religieuses de Notre-Dame.

Or, deux ou trois jours avant son arrivée, Marguerite Bourgeoys vit en songe un homme qui lui était inconnu, et elle eut intérieurement une impression extraordinairement forte, qu’elle aurait avec lui des rapports très particuliers que Dieu ferait naître pour sa gloire.

Ce rêve l’impressionna étrangement ; elle en parla à plusieurs personnes.

Cependant, Maisonneuve, aussitôt à Troyes, s’empressa d’aller au couvent de Notre-Dame voir sa sœur.

Celle-ci revit son frère avec une extrême joie et, vivement secondée par quelques-unes de ses religieuses, elle