Vous vous étonnez peut-être que j’aie un peu tardé à vous faire connaître mon changement. C’est que le prêtre qui avait assisté Thérèse me conseilla, après m’avoir entendu, d’en traiter d’abord avec Dieu. Il m’envoya à ce monastère d’où je vous écris. J’arrivai le soir de la solennité de l’Assomption. Le supérieur me reçut avec une bonté parfaite et me conduisit à la chapelle, où les religieux étaient réunis pour l’office. L’image de la Vierge, brillamment illuminée, resplendissait au-dessus de l’autel, et cette vue m’émut profondément. Je me rappelai ce moment où, sur son lit de mort, Thérèse mettant sa main sur ma tête me consacra à la mère de miséricorde. Du plus profond de mon cœur je ratifiai la consécration, et promis à la sainte Vierge de l’honorer toujours du culte le plus tendre et le plus aimant. Une voix admirablement belle chanta le Salve Regina, et ce chant suave, réveillant dans mon cœur l’émotion la plus douce et la plus déchirante, je pleurai longtemps. Non, jamais je n’oublierai ce soir (le dernier de sa vie) où Thérèse me le chanta. En l’écoutant, un sentiment confus de vénération et de confiance pour la mère de Dieu pénétra pour la première fois dans mon âme, et j’essayais de réagir contre cette impression, très-douce pourtant. Vous rappelez-vous avec quel accent elle me dit : Francis, mon cher ami, ne voulez-vous pas que la sainte Vierge, nous protège et nous garde ? Cette question me troubla. En regagnant mon logis, je pensais combien peu, après tout, je pouvais pour son