sûre que vous vous ennuyez déjà, et je compte bien que vous ne tarderez guère à suivre votre chère imparfaite. J’ai choisi pour vous la chambre voisine de la mienne. En attendant que vous en preniez possession, j’y ai mis la cage de mon bouvreuil, auquel je viens de dire bonsoir. Mais il faut bien vous parler un peu de mon voyage, qui n’a pas été sans intérêt. Vous vous rappelez ce jeune homme dont le courage fut tant admiré à l’incendie de notre hôtel, à Philadelphie. Figurez-vous qu’à ma très grande surprise, je l’ai retrouvé parmi les passagers. Il se nomme Francis Douglas. Je puis maintenant vous dire son nom, car j’ai fait sa connaissance ce soir.
Nous venions à peine de laisser Québec, quand je l’aperçus, se promenant sur la galerie avec le port d’un amiral. Je le reconnus du premier coup d’œil, non sans émotion, pour parler franchement. Si cela vous étonne, songez, s’il vous plaît, que vous pleuriez d’admiration en parlant du courage héroïque de cet inconnu, de l’admirable générosité avec laquelle il s’était exposé à une mort affreuse, pour sauver une pauvre chétive vieille qui ne lui était rien. Après avoir longtemps marché à l’avant du bateau, il entra dans le salon. Ce chevalier, qui risque sa vie pour sauver les vieilles infirmes, nous jeta un regard distrait. Ouvrant son sac de voyage, il y prit un livre et fut bientôt absorbé dans sa lecture. Connaissez-vous ce beau garçon ? me demanda Mme L… — Lequel ? dis-je hypocritement. — Celui qui vient d’entrer. — Non, répon-