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y mit une indicible expression de confiance et d’amour. Ah ! comment la Vierge, mère à jamais bénie, eût-elle pu ne pas entendre cette ardente prière ? M. Douglas, plus ému qu’il ne voulait le paraître, gardait un profond silence. Thérèse se rapprocha de lui et dit : Francis, mon cher ami, ne voulez-vous pas que la sainte Vierge nous protège et nous garde ? Il ne répondit pas, mais la regarda pendant quelques instants avec une expression indéfinissable, puis nous souhaita le bonsoir, et partit.

Je suivis Thérèse dans sa chambre. Après la prière, que nous fîmes ensemble, elle prit le charmant bouquet de roses que Francis lui avait apporté ce jour-là et le plaça devant l’image de la Vierge. Rentrée dans ma chambre, je priai avec ferveur, demandant à Dieu la force de supporter l’éloignement de ma fille chérie. Hélas ! que j’étais loin de prévoir le coup terrible qui allait me frapper !

Je dormais depuis quelque temps quand je fus réveillée par un rêve pénible. Je me levai pour me remettre, et je passai dans la chambre de Thérèse. Elle était assise sur son lit, la figure si altérée, si bouleversée qu’une crainte horrible me serra le cœur ; elle essaya pourtant de sourire en me disant qu’elle ressentait une étrange douleur à la gorge. J’envoyai aussitôt chercher un médecin. Quand je revins, elle me pria de placer un cierge devant l’image de la Vierge et voulut elle-même l’allumer. Puis joignant les mains, elle se recueillit dans une prière fervente.