que de vous faire souffrir. Je veux bien vous voir pleurer, mais comme vous pleuriez après avoir entendu l’aveu de mon amour. Si vous saviez comme ce souvenir m’est délicieux, et comme mon cœur se reporte souvent à cette heure, la plus douce de ma vie, où sur la grève de la Malbaie, je voyais couler vos larmes, ces larmes que vous ne sentiez pas, tant vous étiez émue.
Mon amie, je n’aurais jamais dû vous parler durement, je le regrette beaucoup et vous en demande pardon ; mais, laissez-moi vous le dire, en vous déclarant que vous ne deviez pas essayer de changer mes croyances religieuses, je ne faisais que mon devoir. Je pourrais vous expliquer parfaitement pourquoi je ne serai jamais catholique. Je n’en ferai rien, ni maintenant ni plus tard par respect pour la candeur de votre foi. Que vous désiriez ce que vous appelez ma conversion, c’est peut-être très-naturel, mais il faudra ne m’en parler jamais. Je ne suis pas de ceux qui changent de religion. De grâce, ma chère Thérèse, ne touchez plus à cette question brûlante. J’ai assez souffert.
Charles aussi désirait me voir catholique, et, la veille de sa mort, il me pressa à ce sujet avec une tendresse extrême. Dans l’état où il était, je n’osais lui dire que je ne partagerais jamais ses croyances. Il le comprit. Et lui, l’ange gardien de ma jeunesse, demandait pardon à Dieu et s’accusait de m’avoir, par ses mauvais exemples, éloigné de la vraie foi.