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toutes sortes et bals le soir. Pour moi, je donnerais tous les pique-niques passés, présents et futurs, tous les impromptus et préparés, pour un bain de mer.

Je vais tous les matins à la messe, ordinairement par la grève, ce qui est fort agréable. L’église est bâtie sur le fleuve, à l’embouchure de la rivière Malbaie. C’est un fort beau site. En face, la baie, — cette charmante baie que l’on compare à celle de Naples, — à droite des champs magnifiques, une hauteur richement boisée, où chantent les oiseaux et les brises d’été ; à gauche, la rivière, puis le Cap-à-l’Aigle, sauvage et gracieux, et en arrière les montagnes vertes et bleues qui forment l’horizon. L’église est bien entretenue.

Le siècle avait deux ans lorsqu’on a commencé à la construire. C’est jeune encore pour une église. Pourtant les hirondelles l’affectionnent, car les nids s’y touchent, et, en levant les yeux, on aperçoit toujours quelque jolie petite tête, qui s’avance curieusement au dehors.

Je suppose qu’il faut bien vous parler un peu de M. Douglas. Il est assez probable que je m’occupe de lui plus qu’il ne faudrait ; mais, outre que je n’en dis rien, je ne fais en cela que comme tout le monde. Je n’ai dit qu’à Mme L… que M. Douglas est le héros de l’incendie de l’hôtel. Elle m’a conseillé de garder sagement le silence là-dessus. Elle prétend qu’il est assez dangereux sans l’auréole de l’héroïsme.

Vous, mère chérie, vous prétendez que c’est un