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marguerite bourgeoys

Malgré ses répugnances, elle entra aveuglément dans ses vues et se livra à des travaux durs et humiliants, portant sur ses épaules, de la basse-ville à la haute, les meubles et les ustensiles nécessaires au nouvel hôpital, et après avoir employé à ce pénible travail, les quatre premiers jours de la semaine sainte, elle passa la nuit du jeudi au vendredi, à genoux, immobile devant le Saint-Sacrement[1].

Envers les abandonnés recueillis par la compassion de l’évêque de Québec, elle exerça la charité dans la souveraine perfection. Trois ans plus tard, Mgr de Saint-Vallier déchargea les Sœurs de la Congrégation du soin de l’hôpital. Elles purent toutes rentrer dans les fonctions de leur institut et par l’éducation des jeunes filles travaillèrent à la formation si laborieuse de notre nationalité. « Vous ne sauriez croire, écrivait, l’intendant de Meulles à Colbert, combien les filles de la Congrégation font de bien au Canada. Elles instruisent toutes les jeunes filles dans la dernière perfection. Si on en pouvait disperser en beaucoup d’habitations, elles feraient un bien infini. Cette sorte de vie est tout à fait à estimer. »

Mgr de Saint-Vallier, faiblement porté vers la Congrégation, dit l’abbé Faillon, a pourtant écrit :

« Je n’exagère point en vous assurant que cet établissement a été fait comme par miracle par une pauvre fille. »


L’héroïque vie de la fondatrice et de ses premières compagnes ne pouvait pas être la vie commune, et quand la Congrégation se fut multipliée, bien des adoucissements furent jugés nécessaires. La Sœur Bourgeoys n’en voulut jamais pour elle, mais elle accepta pour ses filles, les mitigations

  1. M. Faillon.