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marguerite bourgeoys

jamais se relever de cette catastrophe, proposa à la Sœur Bourgeoys, de l’agréger aux Ursulines de Québec. Sa soumission envers ses supérieurs était sans bornes. Cependant elle crut devoir représenter au prélat que le bien qu’elle voulait faire avec ses filles était incompatible avec la règle d’une communauté cloîtrée, que ce serait aller contre les vues qu’elle croyait avoir reçues de Dieu, qu’elle ne voulait d’autres chaînes que celle du pur amour. Elle ajouta qu’elle comptait sur la protection de la Vierge, et Mgr  de Laval ne crut pas devoir insister. Il la laissa libre d’agir comme elle jugerait bon, et l’héroïque femme commença à bâtir n’ayant que quarante sous.

Sa confiance obtint des prodiges et le miraculeux rétablissement de la Congrégation augmenta la vénération que la Sœur Bourgeoys inspirait.

Les écrits du temps en fournissent de nombreuses preuves. Après avoir rappelé ce que cette fille de grâce avait fait pour le pays, l’annaliste de l’Hôtel-Dieu ajoute : « Les affaires spirituelles et temporelles réussissent toujours entre ses mains, parce que c’est l’amour de Notre-Seigneur qui la fait agir et lui donne l’intelligence. Elle vit encore aujourd’hui en odeur de sainteté, si humble, si rabaissée, qu’elle inspire l’amour de l’humilité, rien qu’à la voir. »

« Nous l’avons connue, dit Leclercq[1], pleine de l’esprit de Dieu, de sagesse et d’expérience, d’une constance invincible à tous les obstacles qu’elle a trouvés à son dessein. »

« Je ne crois pas, écrivait le Supérieur des Jésuites de Québec, avoir jamais connu de fille aussi vertueuse que la

  1. Premier établissement de la foi.