Page:Conan - Silhouettes canadiennes, 1917.djvu/89

Cette page a été validée par deux contributeurs.
86
silhouettes canadiennes

pas leur santé, leur satisfaction, leur repos et leur vie pour l’instruction des filles à la vie chrétienne et, aux bonnes mœurs. Notre-Seigneur demanda à ses apôtres s’ils boiraient son calice et on demande aux filles de cette communauté si elles peuvent embrasser la pauvreté et le mépris. Pour pouvoir instruire gratis, elles se contentent de peu, se privent de tout et vivent partout pauvrement. Et, comme les apôtres, elles travaillent même la nuit pour gagner leur vie et n’être à charge à personne. Aussi cette communauté doit être une image du collège des apôtres, mais je compare le collège apostolique à une étoile au firmament et la congrégation à un brin de neige. »

« Pensez, mes chères sœurs, disait l’admirable fondatrice à ses filles qu’elle envoyait en mission, pensez que vous allez recueillir les gouttes du sang de Jésus-Christ qui se perdent. Oh ! qu’une Sœur qu’on envoie en mission sera contente si elle pense qu’elle y va par l’ordre de Dieu et en sa compagnie ; si elle pense que dans cet emploi elle peut et elle doit témoigner sa reconnaissance à Celui de qui elle a tout reçu ! Oh ! qu’elle ne trouvera rien de pénible ni rien de fâcheux. Elle voudra au contraire manquer de toutes choses, être méprisée de tout le monde, souffrir toutes sortes de tourments et mourir même dans l’infamie. »

La Sœur Bourgeoys et ses premières compagnes faisaient ordinairement à pied leurs voyages. Dénuées de tout, elles s’en allaient instruire gratuitement les enfants dans les paroisses qui s’ouvraient. Elles y vivaient de la vie des plus pauvres et, ajoute la sainte fondatrice : Tout cela réussissait !