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marguerite bourgeoys

« Quatre ans après mon arrivée, écrit la Sœur Bourgeoys, M. de Maisonneuve voulut me donner une étable de pierre pour en faire une maison et y loger celles qui feraient l’école. Cette étable avait servi de colombier et de logis pour les bêtes à cornes. Il y avait un grenier au-dessus, où il fallait monter par une échelle, par dehors, pour y coucher. Je la fis nettoyer, j’y fis faire une cheminée et tout ce qui était nécessaire pour loger les enfants. J’y entrai le jour de sainte Catherine, 30 avril 1657. Ma Sœur Marguerite Picard, qui a été ensuite Madame la Montagne, demeurait avec moi. »


Par l’acte de donation, on voit que le bâtiment avait trente-six pieds de long et dix-huit de large. Maisonneuve, d’un si grand cœur, n’avait pu donner un logement plus convenable, et dans cette maison, qui rappelait tant l’étable de Bethléem, Marguerite Bourgeoys se mit de tout cœur à son œuvre d’éducatrice. On lui confia d’abord tous les enfants.[1]

Elle les réunissait dès l’âge le plus tendre. Ces héroïques nichées de Ville-Marie passèrent toutes par ses mains si saintes, si maternelles.

Pour avoir des auxiliaires, Marguerite Bourgeoys se rendit en France.

Elle n’avait à promettre que pauvreté, labeurs, périls de toutes sortes, mais il y a toujours par le monde des êtres capables de tous les sacrifices. Marguerite Bourgeoys savait faire vibrer les fibres généreuses du cœur, et, à Troyes même, elle trouva des compagnes d’héroïsme.


« J’ai admiré, dit-elle dans ses mémoires, comme M. Cha-

  1. M. Souart, curé de Ville-Marie, n’ouvrit une école pour les garçons que plus tard.