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ordinaire, à laquelle nous concourûmes par le bruit des canons de notre fort. »

Au bruit imposant du canon se mêlait le son des fifres et des tambours. Le P. Lejeune, témoin oculaire, dit qu’en débarquant les religieuses furent saluées avec un enthousiasme indescriptible.

Il était sept heures du matin, le temps était superbe, l’été dans toute sa splendeur. Conduites par M. de Montmagny et escortées des Français et des sauvages, les religieuses gravirent le sentier de la montagne. Au sommet, il y avait une place assez vaste où s’élevaient le Fort, la Maison des Cent Associés, celle de Louis Hébert et la chapelle de Notre-Dame de la Recouvrance bâtie par Champlain.

La joie qui débordait de tous les cœurs s’y exhala dans un ardent Te Deum et après le divin sacrifice on se rendit au Fort où les religieuses prirent avec le gouverneur leur premier repas sur la terre canadienne.

Le même jour, et toujours en grande pompe, les courageuses femmes furent conduites aux habitations qu’on leur avait préparées : les Hospitalières à une maison des Cent Associés, vers l’emplacement de la cathédrale anglicane actuelle, et les Ursulines à une misérable petite maison au pied du sentier de la montagne, à l’endroit où se trouve aujourd’hui l’hôtel Blanchard. « Notre logement était si petit, dit Marie de l’Incarnation, qu’en une chambre de seize pieds carrés étaient notre chœur, notre parloir, nos cellules et notre réfectoire, et dans une autre petite salle était la classe pour les Françaises et les filles sauvages. »

Elles se mirent immédiatement à l’œuvre et la Mère Saint-Joseph eut le principal soin des élèves.

Les petites sauvagesses arrivaient toutes richement pourvues de vermine. Il fallait d’abord les nettoyer. Cette horrible tâche fut toujours très convoitée. Madame de la Pel-