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mère marie de saint-joseph

C’est le 4 mai 1639 que les religieuses[1] s’embarquèrent à Dieppe. Le départ eut de l’éclat. De très grandes dames conduisirent les héroïnes jusqu’au vaisseau, toute la ville faisant cortège.

Trois mois plus tard et après avoir couru les plus grands dangers, les voyageuses arrivaient à Tadoussac, où l’on se délassa des fatigues de la traversée.

Grande fut la surprise des Montagnais en voyant débarquer les religieuses. Ce qu’on leur raconta de leur genre de vie les jeta dans le dernier étonnement. Ils ne pouvaient croire tout à fait qu’elles avaient quitté leur patrie, abandonné leurs parents, leurs amis, pour venir instruire leurs enfants et soigner leurs malades, « car beaucoup les suivirent en canot, sans cesser de jeter les yeux sur notre vaisseau », dit Marie de l’Incarnation dans ses lettres.

Québec n’était encore qu’un pauvre, précaire petit poste perdu dans les forêts. On n’y comptait encore que deux cent cinquante âmes. Mais on y fit aux religieuses une triomphale ovation. « Nous envoyâmes une chaloupe les prendre et accueillir, dit Monsieur de Montmagny dans l’acte de réception, et allâmes nous-même les recevoir au bord de la rivière, accompagné des principaux habitants et suivi de la plupart du peuple qui en faisait paraître une joie extra-

  1. La Mère Richer de Sainte-Croix, une ursuline de Dieppe, s’était jointe aux missionnaires et trois hospitalières envoyées par la duchesse d’Aiguillon pour fonder l’Hôtel-Dieu de Québec, s’embarquèrent avec elles sur le vaisseau amiral, le Saint-Joseph,