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silhouettes canadiennes

l’œuvre. Elle savait que rien n’avait jamais paru lui coûter, que les souffrances de toutes sortes, loin de l’accabler, semblaient lui donner des ailes. Et, ravie du vol qui avait porté au ciel cette âme divinement enflammée, la Thérèse de la Nouvelle-France se plaignait, de traîner sa croix, d’aller à pas de plomb.

À la mort de la mère Saint-Joseph, on parla beaucoup de certains faits extraordinaires qui parurent une révélation de sa gloire. Ces faits ont été attestés ; mais la mémoire de cette enfant de la vieille et noble France ne vit plus guère aujourd’hui que dans le monastère qu’elle habita, où ses ossements sacrés reposent, confondus avec ceux de Marie de l’Incarnation et de Madame de la Peltrie.

Elle aurait pourtant, chez nous, bien des droits à un souvenir impérissable. Personne n’a plus aimé le Canada sauvage. Cette céleste créature en avait vraiment fait sa patrie. Elle assurait qu’elle ne pouvait rien faire que pour ce pauvre pays. Quand les périls s’aggravaient, que la Nouvelle-France semblait condamnée à périr, elle s’offrait à Dieu en victime : « Seigneur, disait-elle, effacez mon nom du livre de la vie plutôt que de permettre la ruine de la colonie. »

Marie de la Troche-Savonnières appartenait à une opulente et noble famille, fort liée avec la famille de Madame de Sévigné. Elle naquit dans un château de l’Anjou, vers la fin de l’année 1616.

Aussitôt après sa naissance, sa mère la consacra à la Vierge, la priant de l’offrir à son Fils. Elle lui fit donner