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NOS PREMIÈRES ÉDUCATRICES




J u Canada, les religieuses enseignantes ont précédé les défricheurs.

Champlain venait de mourir et le frêle berceau de la Nouvelle-France était encore tout environné de forêts, quand les Ursulines arrivèrent à Québec avec une jeune et noble dame d’Alençon. Sur les bords affreusement sauvages du Saint-Laurent, ces femmes admirables venaient allumer un foyer de lumière chrétienne. Elles espéraient attirer les cruels indigènes à l’Évangile ; par la force de la charité elles comptaient les donner à l’Église, à la civilisation, et ce n’est pas seulement l’héroïsme de la foi et de l’abnégation qui consacre leur mémoire, c’est aussi la gloire du courage. Les Français qui étaient comme perdus au milieu de la barbarie, accueillirent les religieuses avec une joie et un enthousiasme indescriptibles. Elles débarquèrent au son des canons, des tambours et des fifres, et tombant à genoux, baisèrent la terre de leur sauvage patrie d’adoption. Aucune habitation n’avait pu être préparée d’avance.