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les misères de tous genres qui sollicitaient ses prières, il lui disait : « Vous aimez Jésus Crucifié, Aurélie, n’aimeriez-vous pas à vouer votre vie au soulagement de ses membres souffrants ?… » C’était la toucher au vif de sa nature sensible et si profondément sympathique ; mais — souvent en pleurant — elle arrivait à dire : « Je serais heureuse, mon Père, d’être appelée à soulager tous les genres de souffrances ; cependant, vous le savez, mon attrait principal est d’oindre les plaies sacrées de Jésus Crucifié avec le baume de l’amour et de recueillir le Sang qui en découle pour le répandre sur les âmes ; car Jésus a encore soif, non de recevoir mais de donner[1]. »



Aurélie Caouette sentait en son cœur l’impérieux devoir d’obéir à sa vocation. Mais que n’eût-elle pas à souffrir avant d’arriver à la pleine lumière.

C’est Mgr  Bourget, de sainte mémoire, qui prononça la parole définitive et déclara à Mlle  Caouette que Dieu l’appelait à fonder un Ordre dans l’Église. « Si j’étais l’évêque de Saint-Hyacinthe, dit-il, je vous dirais : « Allez-vous-en dans une petite chaumière bien solitaire et fondez une communauté d’Adoratrices du Précieux-Sang, filles de Marie Immaculée. »

« Je ne saurais exprimer, disait plus tard Mlle  Caouette, la dilatation de mon cœur, quand j’entendis ces mots : une communauté d’Adoratrices du Précieux-Sang, filles de Marie Immaculée. En un instant je passai d’une profonde tris-

  1. Livre d’or.