Page:Conan - Silhouettes canadiennes, 1917.djvu/180

Cette page a été validée par deux contributeurs.


LA MÈRE
CATHERINE-AURÉLIE DU P.-S.




I l y a quelque soixante ans, dans la petite ville de Saint-Hyacinthe, vivait une humble et aimable jeune fille nommée Aurélie Caouette.

Cette enfant du peuple avait reçu d’en Haut une mission ; en son âme ardente et profonde Dieu avait mis un grand rêve austère. Jamais Mlle Caouette n’avait lu un livre mystique, elle avait grandi dans un milieu simplement chrétien et à l’âge de la sensibilité extrême, alors que tout s’irradie, que le cœur s’ouvre au charme de sentir, aux ivresses de la vie, elle n’aspirait qu’à réparer, qu’à expier, qu’à s’immoler pour la grande famille humaine.

Active et délicieuse au foyer, elle était à ses parents la plus aimable des filles et intérieurement ne perdait pas de vue Jésus Crucifié. Le Sang jailli de ses plaies avec un si beau feu d’amour, coulait toujours devant ses yeux et la pensée de l’ingratitude de presque tous les rachetés l’accablait.