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silhouettes canadiennes

majestueuse sous le poids des années, et la physionomie, qui prit plus tard une expression d’extrême ascétisme, rayonnait alors d’ardeur et de vie.

Les Ursulines venaient d’être éprouvées par l’incendie de leur monastère. C’est dans une humble chapelle provisoire que l’abbé de Calonne prêcha pour la première fois au Canada. Mais un auditoire d’élite avait envahi la pauvre chapelle et l’admiration fut profonde. L’abbé de Calonne n’était pas seulement un homme éloquent, c’était un saint éloquent.

On sait, avec quel succès incomparable il prêcha. La vieillesse ne refroidit point l’ardeur de sa parole. Jusqu’à la fin, il conserva ce don magnifique de l’éloquence qui en suppose tant d’autres et c’est seulement dans les dernières semaines de sa vie que sa voix si belle s’altéra.

J’ai dit que la splendeur de son élocution attirait bien des protestants aux offices catholiques. L’abbé de Calonne fut un illuminateur pour plusieurs et eut la joie de recevoir leur abjuration. Parmi ces convertis, on cite M. Stephen Bourroughs qui lui survécut quinze ans et ne manqua pas un seul jour d’aller prier sur sa tombe.



À tous ses pénitents, l’abbé de Calonne inspirait un profond sentiment de vénération. Il fut un grand et souverain directeur : dans les cœurs les plus faibles, les plus troublés, il mettait la paix, la joie, le courage. De tous côtés on venait à l’abbé de Calonne. Jamais prêtre n’exerça son ministère avec plus d’autorité, mais c’était un besoin pour lui de s’humilier devant ceux qui lui donnaient leur confiance.