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silhouettes canadiennes


Mgr de Québec accorda les permissions requises et en 1799, l’abbé de Calonne arriva, avec ses colons, aux îles du golfe.

Des Acadiens s’y étaient réfugiés pour échapper à la déportation. Leur pauvreté était extrême, mais l’excès de leurs malheurs n’avait point altéré leur foi.

Ils accueillirent l’abbé de Calonne avec une joie intense. Ils l’entouraient, le suivaient, et bénissant leurs persécuteurs qui laissaient venir à eux un prêtre français, ils lui prodiguaient les marques les plus touchantes de vénération.

La vue de ces infortunés, l’ardeur de leur foi et l’abandon où ils se trouvaient bouleversèrent l’abbé de Calonne. Le feu sacré qui fait l’apôtre s’alluma dans son cœur et cette divine flamme dévora en un instant tous les regrets, tous les désirs humains.

Ne voulant plus être que prêtre, il renonça à son projet pour se donner tout entier aux âmes.


Le roi d’Angleterre faisait une pension à l’illustre abbé, mais il voulut partager les privations de ses chers Acadiens, et, lui, habitué à tous les raffinements de la délicatesse, vécut comme eux d’un pain grossier, de quelques légumes et de tisane de salsepareille.

À cette frugalité d’anachorète et aux fatigues de son laborieux apostolat il joignit dès lors des macérations terribles. Ce que la contemplation de l’éternité avait fait pour Rancé, la vue des âmes abandonnées le fit pour l’abbé de Calonne : il devint un homme de prière, un saint.