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l’abbé de calonne

des événements du siècle. Au jugement de Napoléon, c’était déjà la Révolution en action.

Hâtons-nous de dire que l’abbé avait mis au service de son frère, toutes ses lumières, toute son activité. Il comprenait la pressante nécessité de réformes vastes et profondes et voulait l’abolition des privilèges.

Inutilement Turgot et Necker avaient déjà tenté d’étendre l’impôt au clergé et à la noblesse. Le ministre et l’abbé de Calonne crurent que le meilleur moyen d’y arriver, c’était de s’adresser aux privilégiés eux-mêmes et l’Assemblée des Notables fut convoquée.

On sait que les réformes proposées par le ministre le rendirent odieux. Le roi l’aimait, mais en s’engageant à le soutenir, il avait promis, dit Thiers, plus qu’il ne pouvait tenir. Calonne fut renvoyé.

L’abbé ressentit fortement le coup qui atteignait son frère. Son injuste disgrâce le détacha du roi, mais dans son âme très noble, les sentiments de fidélité se réveillèrent très vifs quand il vit le roi humilié et en péril. Il aurait voulu siéger à l’Assemblée Nationale. Ne pouvant supporter l’inaction, il vint à Paris et son dévouement à ses infortunés souverains fit mettre sa tête à prix (30,000 francs). Il réussit à quitter la France et partagea d’abord l’exil des princes. Puis, réfugié à Londres, il fonda avec M. de Montlosier Le Courrier de l’Europe.

Un peu plus tard, pour améliorer le sort de ses neveux ruinés comme lui par la Révolution, il offrit à son frère d’aller fonder une petite colonie dans l’Île du Prince-Édouard où le roi Georges III lui avait concédé des terres.