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L’ABBÉ DE CALONNE




C et abbé grand seigneur jeté en Amérique par la Révolution française, a tenu dans la chaire canadienne une place éclatante.

D’après les contemporains, à la perfection du bien-dire, à l’opulence de la doctrine, il joignait une passion, une tendresse, une onction auxquelles nulle âme, chez nous, ne restait insensible. On ne se lassait point d’entendre l’abbé de Calonne, et sa rayonnante sainteté n’était pas le moindre attrait de ses prédications.

Plusieurs années de suite, il prêcha la neuvaine du carême à la cathédrale de Québec et jusqu’à la fin il enthousiasma et ravit son auditoire. La grande église, comme on disait aux jours de Mgr de Laval, n’avait jamais retenti d’accents si pathétiques. Non seulement les catholiques, mais les protestants du plus haut rang quittaient tout pour courir aux sermons de M. de Calonne.

Il ne les écrivait point et de sa parole enflammée, souveraine, rien ne reste que les fruits divins qu’elle a produits.

L’abbé de Calonne n’était pas seulement un orateur idéal,