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divin, que sa résolution de ne vivre que pour l’Eucharistie était irrévocable.



Quand tout fut préparé pour sa réclusion Perpétuelle, absolue, le clergé vint solennellement chercher Mlle  Le Ber à sa maison ; précédée de la croix et du clergé, elle en sortit au chant des psaumes, comme les morts.

Elle était pauvrement vêtue d’une robe de laine grise ; un grossier voile blanc cachait sa belle chevelure.

Suivie de son père, qui ne pouvait retenir ses pleurs, elle traversa pour la dernière fois la rue Saint-Paul… La foule était grande, et il y avait des larmes dans tous les yeux. Jamais on n’avait vu un pareil exemple du mépris des biens de la terre, une si forte et si touchante preuve de foi en la présence réelle.

M. Le Ber avait bien des fois exposé sa vie dans les hasards de la guerre, il avait donné mille preuves de courage ; mais, arrivé à l’église, apercevant le tombeau où sa fille allait s’ensevelir toute vive, il défaillit comme une faible femme.

M. Dollier, vicaire général, bénit la petite chambre, fit à Mlle  Le Ber une courte exhortation qu’elle écouta à genoux, et la conduisit ensuite à sa cellule où elle s’enferma elle-même pendant qu’on chantait les litanies de la Vierge.

C’était un vendredi, sur les cinq heures du soir, le 5 août 1695.



« Le 6 août, dit M. Dollier, dans l’acte de réclusion de Mlle  Le Ber, je bénis la chapelle ; et incontinent après, on célébra la grand’messe ; ce qu’on accompagna de toute la