et il ne tenait qu’à elle, d’en être la plus recherchée, la plus admirée.
Pourquoi s’enfermait-elle entre quatre murs ? Pourquoi ensevelissait-elle la fleur de sa jeunesse ? Pourquoi se dérobait-elle à la tendresse même de ses parents ?
Ah ! c’est que dans les desseins du ciel, sur cette terre du Canada, elle devait être la chaste et austère victime d’expiation, la prière ardente, incessante, le pur encens qui brûle devant Dieu.
Qu’on ne parle pas des devoirs de famille, de l’emploi de la vie. Jésus-Christ voulait à ses pieds cette jeune fille.
Il voulait pour lui seul les délicatesses, les tendresses, les flammes de son cœur.
Il voulait qu’elle vécût dans le détachement, dans l’oubli de toutes les créatures, dans la plus complète immolation d’elle-même.
Et pourquoi plaindre cette privilégiée que le Christ voulait si étroitement s’unir ?
« Aimer, a dit une âme profonde et tendre, n’est-ce pas sur terre ce qu’il y a de plus doux ? Je vous demande s’il n’est pas facile de concevoir qu’aimer l’amour même doit être la perfection de cette douceur. Et aimer Jésus-Christ n’est pas autre chose, pourvu que nous sachions l’aimer absolument, comme on aime sur la terre. »
Jeanne aimait Notre-Seigneur de cet amour personnel. Pour elle, il n’était pas un être abstrait, lointain ; elle n’avait pas comme nous — tièdes croyants — en sa présence dans l’hostie, une foi vague, froide, irréelle. Sa foi perçait