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que je porte sur moi. Il y a bien des indulgences appliquées dessus, mais elles ne luy peuvent servir ; elle pourra en faire mettre d’autres. Comme c’est tout ce qui me reste à donner, il est bien juste que je le donne à celle qui m’a témoigné tant d’affection, et qui a toujours eu pour moi un si tendre attachement, pendant que j’ay vécu en ce monde.

« Aux autres — je leur laisse le peu de bien que Dieu m’a donné, à condition toutefois qu’ils prieront et feront prier Dieu pour moy. Je leur demande à chacun dix messes, sans compter les prières qu’ils feront ; c’est bien la moindre chose qu’ils puissent faire pour le repos de mon âme. Je leur en demande autant pour leur mère à qui ils ont tant d’obligations. »

« Du 18 d’aoust — J’ai cru devoir ajouter icy que ma femme et moi avons fait un Testament, lequel nous ne souhaitons qu’il soit ouvert qu’après la mort du dernier vivant, à moins qu’il ne survint quelque chose qui obligeât à l’ouvrir plus tôt, ou pour quelques raisons que nous n’avons pu prévoir ; mais quoiqu’il puisse arriver, qu’on n’y change absolument rien de nos intentions qui sont de vous faire vivre en paix et d’empêcher que vous ne plaidiez les uns contre les autres. Nous avons tâché d’y garder l’égalité en tout ; cependant s’il paraît que quelqu’un soit plus avantagé, souvenez-vous que vous êtes tous frères et sœurs, qu’il ne faut pas se porter envie les uns les autres. Ce n’a pas été notre intention d’en gratifier plus les uns que les autres, mais quand cela serait, nous avons le droit de le faire, étant maîtres de notre bien. Tout notre désir en vous laissant ce que nous avons et que Dieu nous a donné, c’est que vous vous en serviez pour la subsistance de vos familles et à entretenir la paix et l’union entre vous.