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pierre boucher

« Mandez à votre frère Boucher, prêtre du Séminaire de Québec, que je lui dis adieu, que je lui donne ma bénédiction ; qu’il prie Dieu pour moy, surtout au Saint-Sacrifice de la messe. Je ne lui donne aucune instruction parce qu’il en sait assez et plus que moy. Qu’il continue comme il a commencé, et qu’il contribue à faire régner la paix et l’union dans la famille.

« Adieu, mon fils de Niverville. Je vous donne ma bénédiction. Ayez bien soin de votre chère mère qui vous a tant aimé, et qui vous aime encore tendrement.

« Adieu, ma chère fille de St-Pierre, adieu, ma chère Enfant. Je vous donne ma bénédiction. Priez Dieu pour moy, je vous en prie, et ne vous affligez pas quand on vous portera la nouvelle de ma mort, au contraire réjouissez-vous de ce que Dieu m’a appelé à lui, et délivré par sa bonté des misères de cette vie. Je sais que cela sera difficile, parce que vous m’aimez trop, et que d’ailleurs votre naturel tendre et affectueux vous cause bien de la peine dans de semblables rencontres.

« Si vous m’avez aimé plus que vos frères et sœurs, j’ai aussy bien de la tendresse pour vous et j’en aurai toute l’éternité. J’ai dessein de vous écrire une lettre particulière pour vous dire adieu ; votre attachement pour moy mérite bien cela. Je le ferai à mon retour de Québec, si Dieu me fait la grâce de faire ce voyage. Je fais cecy d’avance, de crainte d’être surpris par la mort. Sachant bien que ce vous sera et à tous vos frères et sœurs une consolation, surtout à ceux qui ont plus de tendresse pour moy, de voir que j’ay eu le soin de leur dire adieu devant que de sortir de ce monde.

« En cas que je mourusse subitement ni sans pouvoir parler, je donne à ma fille de St-Pierre mon reliquaire d’argent