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pierre boucher

C’était trop peu dire. Le traité de 1701 donna à la Nouvelle-France un grand ascendant sur les nations indiennes ; entre elle et les Sauvages, il établit une sorte de droit international.

Mais les gouverneurs eurent fort à faire pour maintenir en paix les tribus, et parfois des Canadiens, emportés par le besoin de renom et de périls, s’en allaient en expédition contre les colons anglais.

En 1708, l’un des fils de Pierre Boucher se joignit au parti d’Hertel de Rouville et après une marche de cent-cinquante lieues, une centaine d’hommes prirent d’assaut le fort Haverhill, défendu par une bonne garnison[1].

Cependant Pierre Boucher avait atteint le terme de la vie humaine. Plus de quatre-vingts ans s’étaient écoulés depuis qu’adolescent il avait traversé la mer pour s’établir au Canada. Son intelligence gardait sa force, mais son robuste corps s’affaiblissait. La mort ne pouvait point tarder. Les plus âgés parmi nous ne la voient pas approcher sans douleur et sans crainte. « L’homme est comme un arbre, disait un octogénaire illustre[2], plus il vieillit, plus ses racines s’enfoncent dans la terre. » Mais Pierre Boucher avait une foi vive. La tombe pour lui s’illuminait de clartés célestes.

  1. D’après M. Sulte, c’est à la suite de la prise de Haverhill que les colonies résolurent de s’emparer du Canada et firent appel à la métropole. On sait que, près des Sept-Îles, une horrible tempête anéantit presque, en 1711, la formidable flotte de l’amiral Walker.
  2. M. de Gaspé.