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pierre boucher

une vigoureuse défense ; mais le roulement des tambours, qu’ils prirent, pour la voix des démons au service de l’armée, les terrifia tellement qu’ils abandonnèrent leurs villages et s’enfuirent dans les bois.

M. de Tracy ne commit pas l’imprudence de les y suivre ; mais on livra aux flammes les cinq bourgs[1] agniers. Habitations et moissons, tout fut réduit en cendres.

De retour à Québec, M. de Tracy fit signifier aux Iroquois par quelques amis de leurs chefs envoyés pour solliciter la paix, qu’ils eussent à lui amener des otages et à venir à Québec conclure la paix, que s’ils y manquaient, il retournerait dans leur pays à la tête de ses troupes et leur ferait une guerre sans merci.

Après vingt-cinq ans d’alarmes et de carnage, la Nouvelle-France allait enfin respirer. Une ère de calme allait s’ouvrir. Jamais, nulle part, le Te Deum ne fut chanté plus joyeusement.

Le péril incessant une fois conjuré, il fallait tirer parti des richesses du sol. La terre dont on veut faire une patrie doit être fécondée par le travail et les sueurs. Dans un pays neuf, il faut des gens qui mettent la main à la hache et à la

  1. Ces bourgs considérables différaient fort des autres bourgs sauvages. Les cabanes étaient vastes et en bois. « Toutes étaient remplies de vivres, d’ustensiles, de toutes sortes de commodités et de meubles ; rien ne leur manquait ; elles étaient bien bâties et magnifiquement ornées, garnies d’outils de menuiserie et d’autres dont les Iroquois se servaient pour la décoration de leurs cabanes et de leurs meubles. » — Lettres de Marie de l’Incarnation.