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pierre boucher

Son choix s’arrêta sur le gouverneur des Trois-Rivières. Toutes les autorités canadiennes l’approuvèrent et Pierre Boucher dûment accrédité se rendit à Paris pour « supplier le roy de prendre sous sa protection une colonie qui se trouvait absolument abandonnée et réduite aux derniers abois. »[1]

Si richement doué qu’il fût, l’ancien commis des traiteurs, l’interprète des Hurons, dut faire singulière figure à la cour de Louis XIV. Mais le jeune roi accueillit avec une bienveillance extrême le fruste délégué de la petite colonie agonisante.

Au lieu de le renvoyer à ses ministres, il l’entretint longuement, l’interrogea sur le Canada, sur ses ressources, et, pour reconnaître les services de Pierre Boucher, lui accorda des lettres de noblesse.[2]

Le roi promit de retirer à la Compagnie des Cent-Associés les privilèges dont elle abusait ; il promit aussi d’envoyer des troupes pour réduire les Iroquois.

Pierre Boucher revint avec trois cents hommes de travail et cent soldats. Trois cents autres devaient bientôt suivre.

  1. Charlevoix : Histoire de la Nouvelle-France.
  2. Après la reconnaissance des services distingués de Pierre Boucher, le roi disait : « À ces causes, de notre grâce spéciale, pleine jouissance et autorité royale, nous avons par ces présentes, signées de notre main, le dit Sieur Boucher et ses enfants, nés et à naître en loyal mariage, anoblis et anoblissons et du titre de gentilshommes décorés et décorons, voulons et nous plaît qu’en tous lieux et endroits de notre royaume, et en tout pays soumis à notre domination, ils soient tenus et réputés nobles et gentilshommes. »