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pierre boucher

tireurs aux endroits les plus menacés et tous, implorant le secours de Dieu, se tinrent prêts à recevoir les assaillants.

Les sauvages redoutaient les canons, mais à l’ouest la bourgade n’était protégée que par des souches et des abattis. C’est par là qu’ils tentèrent l’assaut, mais ils furent toujours repoussés.

Ils soulagèrent leur rage en brûlant les moissons, une redoute et quelques maisons isolées, hors de la portée du canon. Le siège durait depuis neuf jours, quand les Iroquois portant une espèce de drapeau blanc, s’approchèrent pour parlementer.

C’était le soir. Pierre Boucher, redoutant quelque fourberie, refusa de les laisser entrer, et bien lui en prit car, n’espérant plus emporter le poste d’assaut, les Iroquois voulaient s’en emparer par la ruse sous le prétexte de traiter de paix. Le lendemain, on admit Teharehogan, le grand chef agnier, et trois des principaux guerriers, dans le fort. Ils y dormirent, sans plus de crainte que s’ils eussent été les meilleurs amis des Français.

Après de longues délibérations, la paix fut conclue, mais Boucher dicta fièrement les conditions.

« La paix fut arrêtée, écrit-il, aux conditions qu’ils me rendraient tous les prisonniers qu’ils avaient dans leur armée, tant français que sauvages, qu’ils iraient chercher ceux qu’ils avaient dans leur village, et même les amèneraient dans quarante jours, et que les plus considérables des nations iroquoises viendraient à Québec, avec des présents, demander la paix à notre gouverneur, M. de Lauzon, et la conclure : ce qui fut exécuté en tout point, et en partant, ils me laissèrent en otage six de leurs enfants. »

Après le retour de M. de la Poterie, Pierre Boucher descendit à Québec, avec ses sauvages. Le gouverneur l’accueillit avec élan.