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silhouettes canadiennes

D’après Faillon, le bourg se trouva compris dans un carré d’environ quatre-vingts toises sur cent, mais brisé à deux de ses angles, par des accidents de terrain. Cette enceinte formée de pieux, avec trois redoutes aux angles et plusieurs bastions, renfermait l’église, l’habitation du gouverneur et une trentaine de maisons.

Le gouverneur-général, prévenu qu’un grand coup se préparait, monta aux Trois-Rivières pour voir à la défense. On avait déjà signalé l’arrivée de quelques bandes, et au mois d’août des hommes partis aux champs accoururent annoncer que, dans toutes les directions, des sauvages se glissaient derrière les arbres.

On fit une battue aux alentours sans découvrir personne et l’on ne savait trop que penser. Mais la place était bloquée et le lendemain des canots iroquois apparurent sur le fleuve.

Boucher, voulant se renseigner sur les forces de l’ennemi, envoya en reconnaissance une chaloupe bien équipée, commandée par de Bellepoire. Non loin du fort, une trentaine de canots iroquois étaient tirés sur le sable et les canots sur le fleuve arrivaient, à force d’avirons pour mettre la chaloupe entre eux et la troupe de terre.

Bellepoire fît virer de bord et ordonna une décharge générale qui abattit quelques sauvages. Il garda un grand calme et, après une lutte très vive et admirablement conduite, la chaloupe revint à travers la fusillade, sans un seul blessé.

Au fort, les canons retentissaient, les tambours battaient, les trompettes appelaient aux armes : une multitude de sauvages tout à coup surgis des bois accouraient vers le bourg.

Six cents Agniers, presque tous armés à l’européenne, allaient assiéger Trois-Rivières et Boucher n’avait que quarante-six hommes à leur opposer.

Il fit fermer les portes des barricades, plaça ses meilleurs