cheveux, la traîna hors du palais et lui ordonna d’aller s’enfermer chez les Clarisses.
La malheureuse princesse obéit et sur l’ordre du misérable, des gardes furent placés aux portes du couvent afin d’intercepter les lettres et d’empêcher toute communication de Suève avec le dehors.
Ces précautions furent inutiles. La conduite d’Alexandre Sforza avait soulevé l’indignation publique et les Colonna apprirent bientôt ce qui se passait.
Des envoyés de la puissante famille arrivèrent peu après à Pésaro. Ils venaient s’assurer des faits et demander au prince raison de sa conduite.
« — Il est très vrai, leur dit Sforza, que la princesse s’est retirée chez les Clarisses, mais elle l’a fait de son plein gré et pour cacher sa honte.
Les envoyés se refusant à le croire :
« — Je m’engage à vous en donner la preuve irrécusable, continua le monstre. Vous n’avez qu’à me suivre au couvent ».
Aussitôt, il envoie l’un de ses émissaires annoncer à Suève sa visite, ajoutant qu’il fera mettre le feu aux quatre coins du monastère et brûler vives toutes les religieuses, si elle ose démentir ce qu’il va lui dire.
Sforza se rend ensuite au couvent, avec les envoyés des Colonna. Il les place de façon à ce qu’ils puissent entendre sans être vus, charge l’un d’eux d’écrire l’entretien et fait venir sa victime.
Suève toute tremblante arrive à la grille du parloir.
Le prince lui parle avec une hypocrite douceur et, comme pris de pitié, lui demande si elle trouve bien dure cette réclusion qu’elle s’est imposée après avoir été par lui-même surprise en adultère.
Bouleversée par ces étranges paroles et n’osant exposer les religieuses aux fureurs de son mari, Suève garda le silence.
Sforza se retira satisfait.
« — Vous le voyez, dit-il aux envoyés, elle n’ose pas nier son crime ».
La princesse eut bientôt l’explication de la visite et des paroles de son mari. Grande fut sa douleur.