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PHYSIONOMIES DE SAINTS

Le monument restauré subsiste encore, mais le nom de cette touchante fille de saint Dominique n’est pas arrivé jusqu’à nous.

Qui était-elle ? D’où venait-elle ? Quelle route l’avait conduite au cloître ? On n’en sait rien.

Une ombre impénétrable environne cette femme idéale.

Il a plu au Seigneur Jésus de ne pas glorifier, ici-bas, celle qui l’a aimé d’un amour si vrai et si tendre. Devant l’humanité ingrate, oublieuse, il n’a pas voulu qu’elle eût d’autre gloire que la gloire de l’avoir aimé.

Elle repose dans le seul rayonnement de l’amour. Sur le monument renouvelé en 1687, le Père Massoulié, commissaire des Dominicains en Alsace, fit graver l’inscription suivante :

« Dans ce tombeau repose le corps d’une très pieuse sœur dont le nom est inconnu. Elle était forcée de détourner ses regards de l’image du crucifix, craignant de mourir sous l’étreinte de la douleur et de l’amour dont elle était saisie à la vue des plaies du Christ. Le provincial lui ordonna dans le chapitre de fixer son regard sur le crucifix et, en un instant, elle expira, tuée de douleur et d’amour, et elle fut ensevelie au même endroit ».

(D’après les Annales Dominicaines).



SAINT FRANÇOIS SOLANO

(Apôtre de l’Amérique du Sud)

Deux ans après la fondation de Québec, François Solano, missionnaire franciscain d’une rayonnante sainteté, s’éteignait à Lima.

La capitale du Pérou s’appelait alors la Cilé des Rois — Ciudad de Los Reyes. Elle était fabuleusement riche, effroyablement corrompue. Mais dans le cœur humain, il y a de l’incompréhensible. Et les Espagnols, qui sacrifiaient si cruellement les indigènes