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SAINTE CATHERINE DE SIENNE

que la vie, la santé, toutes les choses créées disparaissent comme le vent. Toute la puissance que nous avons ici-bas ne doit pas nous faire croire puissants. Ne croyez pas, parce que le Christ semble ne rien voir en cette vie, qu’il ne sévira pas dans la vie future. Lorsque notre âme quittera notre corps, nous apprendrons alors, pour notre malheur, qu’il a tout vu ».

Sous prétexte de réformer les ministres de l’Église, Barnabo Visconti les emprisonnait et les dépouillait de leurs biens. Catherine lui dit :

« Dieu ne veut pas que vous et les autres, vous vous fassiez justiciers de ses ministres ; il s’en réserve le droit et l’a confié à son Vicaire. Si son Vicaire ne l’exerce pas (il doit le faire et il fait mal, s’il ne l’exerce pas), nous devons attendre humblement la sentence et la punition du Souverain Juge, du Dieu éternel. Conservez en paix vos villes, punissez vos sujets quand ils commettent quelque crime, mais ne jugez pas ceux qui sont les ministres du glorieux et précieux Sang ».

Catherine avait reçu à Pise l’insigne faveur des stigmates. Dans son cœur dilaté par l’amour, on sentait une compassion immense, inépuisable. Aussi partout les malheureux se pressaient autour d’elle : « J’ai vu souvent, dit le P. Raymond, des milliers d’hommes et de femmes accourir du sommet des montagnes et des pays environnants, comme si une trompette mystérieuse les appelait. Ils venaient la voir et l’entendre.

On s’agenouillait devant elle, on lui prodiguait les marques les plus extraordinaires de respect, mais elle ne s’en apercevait même pas. Elle était tout entière aux souffrances de ceux qui l’approchaient, tout entière aux maux de sa patrie et de l’Église et ces maux allaient toujours s’aggravant.

Des compagnies épouvantables de brigands à la solde de toutes les ambitions ravageaient l’Italie, ne laissant que des ruines sur leur chemin. Rome, dé-