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PHYSIONOMIES DE SAINTS

tent assise sur les collines, baignée dans la lumière sereine.

Elle était le vingt-cinquième enfant de Jacopo Benincasa et de Lapa Piagenti. Autour de son berceau passa une grande calamité : la peste noire qui enleva à Sienne et aux environs plus de quatre-vingt mille personnes.

L’enfant grandit dans une ville en deuil. Aussitôt qu’elle put parler, sa mère dit son vieux biographe, eut bien de la peine à la garder à la maison, car une seule de ses paroles adoucissait toutes les tristesses. Aussi ses parents et ses voisins l’avaient-ils surnommée Euphrosine, c’est-à-dire, joie, allégresse.

À l’âge de six ans, un jour qu’elle revenait à la maison paternelle avec l’un de ses frères, Jésus-Christ lui apparut accompagné de ses apôtres, Pierre, Paul et Jean. Le Sauveur attacha sur elle son divin regard, lui sourit tendrement et étendant la main droite, fit sur elle le signe de la croix.

La glorieuse vision s’évanouit bientôt, mais le cœur innocent de la petite Catherine s’était embrasé. Elle ne songea plus qu’à plaire à Notre-Seigneur ; pour lui seul, elle voulait vivre et autant que le pouvait un enfant, elle se tenait à l’écart pour prier.

Cependant, à peine avait-elle douze ans que ses parents songèrent à la marier. On voulut l’obliger à se parer. Sa mère surtout la pressait sans cesse de donner plus de soin à sa toilette, à sa coiffure.

Pour en finir avec ces instances, Catherine sur le conseil de son confesseur, coupa sa chevelure qui était d’une beauté rare.

Les cris de Lapa, quand elle aperçut la tête rasée de sa fille, firent accourir toute la famille. On accabla Catherine d’injures. La fortune de Jacopo Benincasa était considérable pour sa condition, mais on renvoya la servante et on chargea Catherine de tous les travaux de la maison. Il lui fallut préparer les repas, laver le linge, raccommoder les vêtements, porter au grenier de lourdes charges.

« — Vilaine entêtée, lui disaient ses frères, il faudra