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SAINTE ZITE

volontiers à sarcler les champs qu’à conduire les empires, si telle était la volonté de Dieu.

Quarante ans durant, avec un dévouement infatigable, Zite servit les Fatinelli. La confiance que ses maîtres lui témoignaient excita la jalousie des autres domestiques et valut à la sainte mille mesquines et misérables persécutions. Elle en triompha par sa douceur inaltérable.

Sa charité envers les pauvres était sans bornes. Tous les jours de l’année, elle jeûnait, afin de soulager la faim de quelque indigent avec les aliments dont elle se privait.

Nous voyons dans l’évangile, qu’au-dessus de tous les dons des riches, Notre-Seigneur a mis l’obole de la pauvre veuve. Il juge toujours du don d’après le cœur qui donne, et manifesta plusieurs fois par d’éclatants miracles, combien la charité de Zite lui était agréable.

Un jour qu’elle portait aux pauvres les morceaux de pain recueillis après le repas, elle rencontra son maître qui voulut voir ce qu’elle portait dans son tablier. Il n’y trouva que des roses.

Une autre fois, un pèlerin épuisé de fatigue, tout ruisselant de sueur, aborda Zite et lui demanda du vin.

«Je n’ai que de l’eau à vous donner », répondit la sainte.

Et comme elle approchait l’eau de ses lèvres, en priant Dieu qu’elle ne lui fût pas nuisible, l’eau se changea en un vin délicieux.

À ses maîtres, qu’elle servait avec un respect profond, Zite ne demanda jamais qu’une faveur : celle d’assister chaque jour à la messe. Encore en prenait-elle le temps sur son sommeil, non sur les heures de travail.

Il lui arrivait parfois de tomber en extase pendant la messe.

Or Zite était cuisinière chez les Fatinelli, et, à cette époque, même dans les grandes villes, la boulangerie était loin d’être perfectionnée. Chaque famille con-