Page:Conan - Physionomies de saints, 1913.djvu/136

Cette page a été validée par deux contributeurs.
140
PHYSIONOMIES DE SAINTS

vine ; ses yeux, qui rayonnaient à travers les pleurs, se fixèrent avec ravissement sur l’hostie sainte.

« — Ô Seigneur Jésus, murmura-t-elle, amour vivant ! amour Sauveur ! que vous rendrai-je » ?

Un flot de larmes jaillit de son cœur. En ce moment suprême elle se souvint que les larmes sont le sang de l’âme. De ses mains déjà glacées, elle recueillit les pleurs qui inondaient son visage et, avec un mouvement d’une grâce exquise, d’une tendresse infinie, les offrit à Celui qui l’avait aimée jusqu’à la mort.

Et, comme elle offrait ainsi ses larmes, une main invisible la couronna de perles d’une ravissante beauté.

Ces perles merveilleuses, innombrables, semblaient des gouttes d’eau pénétrées de tous les feux du soleil. Elles rayonnaient dans la pénombre et faisaient une auréole de gloire à la vierge d’Orient.

La mort la prit avec respect, elle ne fit que fixer sa beauté dans une immobilité radieuse.

Aussitôt que l’âme eut pris son vol, on se pressa auprès de la dépouille sacrée. Chacun voulut voir de près le rayonnant diadème. Ces perles d’une beauté inconnue étaient chaudes comme des larmes et du front de la morte, aucune main ne put jamais les enlever.



FIN