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LA COURONNE DE LARMES

cœur ; se voyant en danger, elle demanda un prêtre.

On lui envoya un franciscain. Grand fut le scandale du religieux quand il pénétra chez la malade, quand il vit le luxe qui l’entourait.

« — Il est inutile de vous confesser, lui dit-il, le paradis n’est pas pour les religieuses de votre sorte.

— Eh quoi ! s’écria-t-elle, saisie d’épouvante, ne serai-je pas sauvée ?

— Il faut vous repentir sincèrement, il faut réparer les scandales que vous avez donnés », répondit le religieux qui sortit sans vouloir l’entendre.

Elle pleura beaucoup et la crainte de l’enfer lui fit trouver la force de quitter son lit ; elle descendit au réfectoire, où la communauté était réunie en ce moment, et demanda humblement pardon des tristes exemples qu’elle avait donnés.

Puisque Hyacinthe est une sainte, vous croyez qu’après cela elle ne songea plus qu’à se dépouiller de tout. Eh bien, non. Elle n’eut pas ce courage. Elle ne renonça pas à la vaine splendeur dont elle s’était entourée. Esclave de son bien-être et de sa vanité, elle garda ses tableaux, ses meubles précieux, et, tout en s’améliorant par degrés, ne fit d’abord rien d’héroïque.

Longtemps l’amour languit dans son cœur, mais après avoir longtemps langui il finit par l’embraser, et elle devint une sainte.

Cette histoire n’est-elle pas encourageante ?



LA COURONNE DE LARMES

(légende)

Fatime, fille du puissant calife Mostanser aimait les fleurs. Elle les aimait animées, vivantes sur leurs tiges, elle les aimait surtout brillantes de rosée et, aux premiers rayons de l’aurore, enveloppée de ses longs