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PHYSIONOMIES DE SAINTS

carcasse humaine arrive à n’avoir plus peur de la mort ».

Galoper au-devant des boulets, dans l’entraînement de la bataille, n’est pourtant pas ce qu’il y a de plus difficile. La lutte persévérante contre soi-même est bien plus terrible. Pour triompher de son orgueil, de ses appétits, de ses convoitises, de ses sensualités, de tous ses égoïsmes, il en coûte plus à l’homme que pour affronter mille morts.

Mais le jeune novice avait la vaillance, l’ardeur, la générosité. Il savait que pour se sanctifier, — c’est-à-dire se diviniser — il faut le vouloir pleinement, fortement, non d’une volonté languissante, interrompue, à demi-malade. Il comprenait que la sainteté n’est pas seulement une culture de vie, mais aussi une opération de mort. Et tout ce que Dieu nie et réprouve dans l’humanité déchue, il travailla sans relâche à le détruire.

Comment dire la vigilance, la persévérance de sa lutte contre le MOI si vivant, si vivace. L’humiliation et la pénitence semblaient pour lui pleines d’attraits. À la fleur de l’âge, il en embrasse les pratiques les plus amères, les plus sanglantes, avec cette folie héroïque qui fait le scandale du monde. Pour dompter son corps, il se roule dans les épines jusqu’à se mettre tout en plaies.

Il voulait conquérir son âme. Il voulait immoler son ardente jeunesse en toute pureté sur l’autel ; il voulait offrir à Dieu un holocauste entier, parfait, et sur son sacrifice ses intenses supplications appelaient sans cesse le feu sacré, force irrésistible de l’Esprit divin.

« Aimons de tout notre cœur, de toute notre âme, de toute notre pensée, de toute notre force, de toute notre intelligence, de toute notre vigueur, de tout notre effort, de toute notre affection, de toutes nos entrailles, de tous nos désirs, de toute notre volonté, le Seigneur Dieu », disait le Séraphin d’Assise à ses fils.

Ce doux commandement, François Solano voulait l’accomplir, et d’une main inexorable, il retranchait tout ce qui lui semblait entraver en lui la flamme sacrée.