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SAINTE PERPÉTUE ET SAINTE FÉLICITÉ

dans un filet pour les exposer à une vache sauvage et furieuse. Mais, à cette vue, un murmure d’horreur et de pitié courut dans la foule. Pour ne pas mécontenter le peuple, on retira les deux jeunes femmes et on les couvrit d’habits flottants.

La vache se jeta d’abord sur Perpétue ; elle l’éleva en l’air, la laissa retomber et se rua ensuite sur Félicité.

Perpétue, qui s’aperçut que ses vêtements étaient déchirés, les arrangea promptement, elle renoua ses cheveux qui s’étaient détachés, puis courut à sa compagne qui restait étendue sur le sable, car la vache l’avait fort maltraitée. Elle lui donna la main pour l’aider à se relever et toutes deux attendaient une nouvelle attaque, mais le peuple ne voulut pas qu’on les exposât de nouveau et on les conduisit à la porte Sanevivaria. Alors, Perpétue s’éveillant comme d’un profond sommeil se mit à regarder autour d’elle, demandant quand on les exposerait à la vache furieuse. Il fallut lui montrer ses habits déchirés et ses blessures pour la convaincre qu’elle avait été livrée aux bêtes.

« Eh ! où était-elle donc ! s’écrie saint Augustin, où était-elle, lorsqu’elle était attaquée et déchirée par une bête furieuse, sans en ressentir les coups, et lorsqu’après un si rude combat, elle demandait quand il devait commencer ? Que voyait-elle, pour ne point voir ce que tout le monde voyait ? Que sentait-elle, pour ne point sentir une douleur si violente ? Par quel amour, par quelle extase, par quel breuvage était-elle ainsi transportée hors d’elle-même et comme divinement enivrée » ?

On se disposait à égorger les martyrs dans le Spoliarium[1] où Sature avait été transporté, mais le peuple demanda qu’ils fussent tous égorgés au milieu de l’amphithéâtre. Ils s’y traînèrent d’eux-mêmes et, après s’être fraternellement embrassés, reçurent le

  1. Lieu où les confecteurs achevaient ceux qui n’avaient pas succombé dans le combat.